Jamais plus dans la vie nous n’irons pareils à ces ballons légers

C’est un autre souvenir d’enfance.

On nous a acheté des ballons gonflés à l’hélium. J’en tiens deux par la ficelle, et marche fièrement en rentrant vers la maison.
A un moment, maladresse : les ballons m’échappent. Je saute, ils sont déjà trop haut.
Je les regarde s’élever, dépasser les arbres, monter, monter dans le ciel. Je suis désemparé, en proie à une sensation étrange de tristesse indicible, fasciné par ces points qui s’éloignent et rapetissent, sidéré devant cette image de perte, d’espace, de liberté.

Une dizaine d’années plus tard, mon grand-père disparut, lui aussi sans retour. Au milieu de tant d’autres, c’est la vision des ballons perdus qui dominait. Lorsque, peu après, j’ai essayé d’écrire sur sa mort, sur le bloc où j’inscrivais mes pensées, j’ai noté :
“Jamais plus dans la vie nous n’irons pareils à ces ballons légers, ivres d’air”.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
scali

Non, jamais plus nous n’aurons le coeur aussi léger que le vertige de l’immensité qui nous entoure.