J’ai déjà commenté cette fable merveilleuse qui oppose un fat riche à un savant sans fortune. La Fontaine s’y moque de ce qui ne s’appelait pas encore la théorie du « ruissellement économique », laquelle soutient qu’il est bon que les riches soient riches, car ce sont eux et leurs dépenses qui font vivre les pauvres. Et pas que les pauvres d’ailleurs : les intellectuels également, qui « dédi[ent] à Messieurs les gens de finance de méchants livres bien payés ».
Le génie de La Fontaine est dans l’absence de réponse : « L’homme lettré se tut : il avait trop à dire ». Ce vers est extraordinaire : celui qui sait ne parle pas. Je m’en suis toujours demandé la véritable raison. Les objections se bousculent-elles dans sa tête, au point qu’il ne sait pas par où commencer ? Ou bien a-t-il dès le début le sentiment que le débat ne se situe pas dans le registre des idées rationnelles et que, telle qu’elle est embarquée, toute discussion sera inutile ? Qu’est-ce qui fait que la parole d’un coup lui semble vaine, et que silence devient d’or ?
© Arno Benesch
Que j’aime La Fontain’
Lorsque tu me le dis !
Joël